Le rachat de Conforama par But entériné
La fusion des deux poids lourds français de la distribution de meubles avait jusqu’alors seulement été autorisée à titre dérogatoire, en juillet 2020, pour sauver l’enseigne Conforama à l’époque en grandes difficultés financières. Ce jeudi 28 avril, l’Autorité de la concurrence vient d’autoriser, sans conditions, la reprise par le groupe Mobilux, maison-mère de l’enseigne But, de son concurrent Conforama.
C’est une première qui fera date, explique Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence : «jamais ce principe de l’exception de l’entreprise défaillante n’avait été utilisé depuis que l’Autorité a été créée en 2009». Le nouvel ensemble donnait alors naissance au numéro un de l’équipement de la maison en France, avec une part de marché située entre 25 et 30 %, bien devant le géant suédois Ikea et ses 20 % environ. Les conclusions de l’analyse concurrentielle avaient par ailleurs pointé du doigt trois problèmes : en amont, un risque de dépendance économique pour les fabricants de literie sur un marché national dominé par un acteur de la distribution ; dans les Dom-Tom, avec la disparition d’un franchiseur risquant d’exposer les franchisés à une dégradation de la franchise par le nouveau groupe ; et en aval, pour les consommateurs, avec un nouvel ensemble pour lequel il a été identifié pas moins de 56 zones de chalandise avec des parts de marché excessives, sachant que But compte 322 magasins et Conforama 170.
Cette opération aurait donc dû être interdite, dans l’absolu, ou du moins soumise à de nombreuses conditions, comme la cession de points de vente par exemple. Pourtant, l’Autorité de la concurrence en a finalement décidé autrement, en fondant son analyse sur ce fameux principe de l’exception de l’entreprise défaillante, à savoir que l’entreprise concernée devait être proche de disparaître, qu’il n’y avait pas d’autres repreneurs possibles moins dommageables pour la concurrence et que, si l’entreprise avait disparu, la situation qui en aurait résulté aurait été plus dommageable pour les consommateurs que la reprise proposée.